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REFLEXIONS PROFITABLES (?) D'UN SALE BRETON
26 mai 2021

SOUVENONS NOUS DU 21 MAI 2021

Depuis la Révolution de 1789 l'état français a toujours été hostile aux langues des différents peuples rassemblés sous sa tutelle. La principale mission avouée des hussards noirs de la république une et indivisible n' était pas d'apporter le savoir aux élèves mais d'imposer le monolinguisme, sans se soucier des souffrances causées par cette politique de purification linguistique , souffrances qui ont été bien documentées par l'ethno-psychiatrie. Le déclin de ces langues semblait donc inéluctable quand s'est produit le "revival" des seventies, suite aux bouleversements de mai 68 et à l'irruption médiatique d'artistes comme Alan Stivell, Marti,Joan Pau Verdier, Roger Siffer ou Marieke en Bart qui ont contribué à rendre leur fierté à leurs peuples respectifs. Les travaux de Morvan Lebesque, Robert Laffont, Denis de Rougemont, Pierre Fougeyrollas, Yves Person, Alexandre Marc faisaient le procès du centralisme unitariste et ouvrait la voie à une autre conception de la république, plurielle et solidaire. Giscard d'Estaing en 1977 octroyait aux bretons une "charte culturelle" et Mitterrand en 1981 faisait miroiter la promesse de "réparations historiques" pour les peuples de France. Il y eut bien quelques avancées en matière d'enseignement mais les promesses ont fait long feu. Après une période d'indécision face au changement d'état d'esprit de l'opinion publique, les élites qui tiennent l'état en mains ont réaffirmé leur idéologie altérophobe. Désormais s'est instaurée une sorte de paix armée: on ne revient pas sur les quelques miettes obtenues par les défenseurs des langues minorisées mais on ne permet plus aucune avancée. Ainsi le feuilleton de l'intégration des écoles Diwan à l'éducation nationale s'est il terminé par un refus, ainsi la Charte Européenne des langues minoritaires a-t-elle été signée mais sa ratification est rendue impossible par le rajout en 1992 d'un alinéa à l'article 2 de la constitution faisant du français la langue unique de la république. Si l'hostilité affirmée a laissé place à un discours lénifiant se prétendant favorable à la sauvegarde de "notre magnifique patrimoine linguistique", la réalité est tout autre: on a créé quelques postes pour s'attacher les militants les plus ambitieux qui désirant garder leur sinécure s'emploient à enjoliver les maigres résultats obtenus (ainsi certains en Bretagne s'enthousiasment devant les 3% d'élèves bénéficiant d'un apprentissage du breton!) mais la politique suivie désormais consiste à prodiguer des soins palliatifs pour que nos langues s'éteignent doucement sans faire de vagues.

 

L'adoption à une confortable majorité de la loi Molac a donc constitué une surprise pour tout le monde: divine pour les défenseurs des minorités chez qui elle a soulevé un formidable espoir , amère pour la clique des jacobins rendus fous de colère par ce revers inattendu. L'écho suscité par ce vote démontre qu'il correspond à une véritable attente populaire.Ce qui n'a pas empêché le ministre de l'éducation nationale avec le concours de la députée Aurore Bergé présidente du "fan club JMB" (Jean-Michel Blanquer) (véridique!!) de manoeuvrer pour obtenir la saisine du Conseil Constitutionnel. Ce recours a été signé par 61 députés dont plusieurs ont déclaré avoir été trompés, 4 d'entre eux demandant le retrait de leur signature.Le du conseil a été rendu ce jeudi 21 mai. A la stupeur générale, les gardiens de la Loi ont déclaré valides toutes les signatures, même celles qui ont été extorquées, proclamant ainsi que les magouilles politiciennes sont tout à fait conformes à leur sacro-sainte constitution !!! Ils ont ainsi pu invalider les deux dispositions les plus importantes de la loi Molac, déclarant inconstitutionnels les écoles immersives en langues autres que le français ainsi que les signes diacritiques non utilisés en français. Le 21 mai 2021 est donc une date historique qui marque la reprise de la guerre ouverte de l'état français contre ses populations parlant une autre langue que celle de "l'élite" lutécienne. Les conséquences de cet arrêt sont potentiellement destructices, puisque c'est la mort annoncée des écoles associatives immersives en langues "régionales", qui, devenues anticonstitutionnelles ne pourront plus recevoir aucune subvention; Or ces écoles sont les seules à pouvoir former de nouveaux locuteurs depuis l'arrêt de la transmission familiale. D'autre part les parents n'auront plus la liberté de donner à leurs enfants le prénom de leur choix,  mais en outre l'interdiction des signes diacritiques tel que le tilde risque de marquer aussi la fin de toute signalisation bilingue. Nous pensions nos langues condamnées à une mort lente, le conseil constitutionnel vient de nous signifier leur exécution imminente.

 

Notre réaction doit être à la hauteur du danger. Il est clair que nous n'avons plus rien à attendre du système tel qu'il est et que lutter chacun sur son coin de territoire est improductif. Tous les peuples de France ont le même ennemi; ce n'est qu'en se fédérant qu'ils pourront le combattre. Les verrous qui bloquent ce système sont à Paris. C'est donc là que nous devons nous battre . Les mouvements des bonnets rouges et des gilets jaunes ont montré que la population française dans son ensemble aspire à un changement radical. Engageons nous sur cette voie en commençant par forger un nouvel outil politique au niveau hexagonal avec comme projet une refondation de la France sur des bases fédéralistes. Construisons Notre République, fédérale, plurielle et solidaire.L

 

 

 

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